vendredi 19 novembre 2010

Cartes postales du mois


   La carte postale ancienne a couvert pratiquement tous les sujets. Le régionalisme en constitue la grosse part mais on trouve également moultes curiosités. C’est ainsi que les créateurs de modèles réduits et leurs œuvres furent également largement photographiés. Le dernier numéro de Gazogène et ces quatre nouvelles cartes exceptionnelles en témoignent. Ici l’originalité réside dans le fait que les auteurs de ces maquettes ont représenté le cadre difficile de leur vie de labeur. Une vie héroïque mais misérable procurant un emploi, un logement et de quoi se nourrir toute l'année quitte à supporter également le paternalisme des compagnies de l’époque. Ces cartes plutôt rares, montrent de l'omniprésence industrielle du charbon sur le territoire français puisque qu’elle décrivent le charbonnage aux quatre coins du pays.
  
La Houve est une mine de charbon des Houillères du bassin de Lorraine située en Moselle sur ou plutôt sous la ville de Creutzwald et ses environs. Elle tient son nom de la forêt de La Houve située aux abords de Creutzwald.  (Coll. JMC)
Incroyable cliché du fameux concours Lépine des petits inventeurs de 1911 ! Cette carte montre la reproduction des mines du Cros à St. Etienne. Elle fut réalisée par le mineur Gonin  ayant participé au sauvetage de la catastrophe de juillet 1889. (Coll. JMC)
Du charbon à Laval ! Ces mines d'anthracite étaient principalement situées sur la commune de la Bazouge de Chémeré, à l'ouest de Laval". Elles ont été exploitées dès 1821 et sont restées en activité jusqu'en 1986. On extrayait un charbon de qualité médiocre qui alimentait les fours à chaux de la région. Cette maquette a été réalisée par un cafetier de Laval. (Coll. JMC)
La légende au dos dit : "Ce charbonnage miniature, véritable chef-d'œuvre de mécanique, est l'œuvre patiente d'un ouvrier ajusteur, M. Armond Carlier, de Baudour. Pour cette réalisation 2300 heures de loisirs furent employées par l'auteur. (Coll. JMC)

jeudi 11 novembre 2010

La vérité sur Prosper Gilis !

Pour faire suite et completer ma note  sur notre visite estivale chez Gilis (voir plus bas), jean-François-Maurice propose de précieux et poignants éléments qui portent un éclairage différent sur les conditions réelles de la création de cet endroit.

Témoignage et documents nouveaux sur le «Manège enchanté» de Gilis près de Bonaguil (par JF Maurice)

   Nous croyons tout savoir sur les sites les mieux connus de notre région mais ces créations singulières nous réservent toujours des surprises ! C’est mon ami Denis Lavaud et sa revue Zon’Art qui m’avaient sortis de mon sommeil dogmatique en me demandant tout simplement le prénom de celui que nous appelions tous Monsieur Gilis. Je suis donc retourné une nouvelle fois sur les lieux et j’ai passé l’après-midi avec la veuve de Monsieur Gilis que je connaissais de très longue date puisqu’elle était cuisinière à Bonaguil dans les années soixante-dix et donnait la soupe à mon ami « Froment » qui y exposait à cette époque. Comme quoi les plus familiers ne sont pas les meilleurs témoins !  Le prénom usuel de Monsieur Gilis est Jean. Mais ce n’est pas son vrai prénom ! En réalité, il s’appelait Prosper Gilis mais, comme me l’a dit sa veuve, il n’aimait pas du tout ce prénom ! Prosper Gilis était donc maçon et la construction du site commence avec sa maladie car ce petit site enchanteur est en fait emprunt de tragédie. Nous sommes fin 1967, début 1968. Jean Prosper Gilis souffre de « sciatique ». Son travail artistique s’est limité jusque la à un buste de Napoléon, pour lequel il avait semble-t-il de l’admiration, en vaisselle cassée façon mosaïque sur la terrasse en ciment de sa maisonnette. Gilles Séraphin, l’inventeur des graffiti de la Grosse tour du château de Bonaguil, m’a décrit les lieux à l’époque comme un capharnaüm avec vieilles carcasses de voitures et autres joyeusetés. Or la « sciatique » est en réalité un cancer de la vessie qui évoluera en cancer généralisé. Gilis meurt en 1974, à soixante-sept ans.
    C’est donc selon le témoignage de sa veuve en moins de six ans avec une activité fébrile durant trois ans que ce site a été réalisé. Plus incroyable encore, c’est un homme alité qui était à l’ouvrage. En effet, Jean Prosper Gilis travaillait devant sa cheminée allongé sur une chaise longue. On lui apportait une gamelle de ciment, du plâtre et du ciment prompt. Il façonnait ses personnages en papier journal qu’il liait d’abord avec des ficelles puis avec du fil de fer. Il passait ensuite des couches et des couches de ciment, utilisant le plâtre pour le premier modelé des visages et le ciment prompt comme durcisseur mais surtout comme imperméabilisant. Ensuite les animaux et autres personnages étaient peints. Si, dans les premières années, Jean Prosper Gilis allait lui-même installer ses créations, ensuite il indiquait de sa terrasse, l’emplacement qu’il souhaitait pour organiser son jardin du rêve.
  
   Il me faut maintenant détruire une légende, légende que j’ai moi-même contribué à répandre. Jean Prosper Gilis a effectivement réalisé son auto-portrait. Et tous de répéter, y compris moi, que le personnage en haut du site, à côté du Général De Gaulle, c’est Gilis. Eh bien non, absolument non ! La réalité est à la fois plus cocasse et plus tragique : plus cocasse, car cet homme, ce petit homme, c’est le percepteur ! Plus tragique car l’autoportrait est une des dernières pour ne pas dire la dernière sculpture réalisée par Gilis. Il avait tellement l’angoisse de ne pas réussir à la finir qu’il en devenait fébrile. « Il s’énervait, il se mettait en colère, il n’y arrivait pas, il gâchait… », me raconte sa veuve, « il lui faut terminer rapidement, il a peur de pas pouvoir, il a recommencé plusieurs fois… ». Alors se réalise l’impensable : Jean Prosper Gilis va mettre son visage sur le corps d’une autre sculpture, celle du gendarme, ajoute la casquette ! Oui !, l’autoportrait authentique de Gilis c’est le gendarme qui de son bâton blanc intime l’ordre au passant de s’arrêter au portes du rêve ! Ce que confirme, si besoin en était, tous les symboles du maçon qu’il était figurant sur le pilier derrière lui. Sans oublier la rare photographie de son visage, pieusement conservée par sa veuve.

mercredi 27 octobre 2010

Suivez le guide !...

    Une virée nordiste au début d’octobre m'a permis de revoir ou d'aller sur les traces d'environnements cités pour la plupart dans le fameux Guide de l'Art Insolite, Nord, Pas-de-Calais, Picardie de (Francis David, 1984). Vingt cinq ans se sont passés depuis la parution de cet ouvrage ; Au fil de ses dernières années, les récits de tous les routards de l’Art Brut et populaire rendent fréquemment compte de la triste disparition de ces endroits. Le risque de trouver porte close ou de ne rien revoir était donc présent.

   La façade du pavillon des Iris à Steenwerck (Nord) fut réalisée dans les années 60 par les hommes d'entretien d'une maison de convalescence. Cette bâtisse est désormais occupée par l'office du tourisme de la commune. Le mur décoré a été sauvegardé et entretenu régulièrement. Bravo ! (Photo JMC)



   Egalement situé à Steenwerk le célèbre arsenal d'Arthur Vanabelle a quant lui bien évolué depuis 25 ans. Les mitrailleuses se sont multipliées et un char d'assaut pratiquement grandeur nature trône dans le jardin. A. Vanabelle (88 ans ) vit toujours sur place avec son frère mais ne souhaite pas être importuné par les visiteurs. Le musée de Villeneuve d'Ascq récemment inauguré montre au sein de la collection L'aracine une impressionnante maquette de ce lieu. Visiblement intéressé, le musée réfléchi à la sauvegarde de cet environnement. Un char dans le parc à l'assaut de l'art contemporain ! (Photos JMC)



Du Robillard géant !
 
   Un destin plus sombre en revanche, pour ce magnifique endroit sur la commune du Doulieu (Nord). Totalement "néttoyé" (dédruit) il ne reste plus rien si ce n'est le souvenir de son auteur, Jean-Baptiste Bouriez, parmi quelques commerçants du bourg. (photo Francis David)

 
   Pas brillant non plus le cas du Jardin des Merveilles de  Bodan Litnianski. Cet exceptionnel environnement de Viry-Noureuil (Aisne) est à l’abandon et visiblement toujours à vendre depuis de décès de son auteur en 2005. Le jour déclinait ce qui explique la qualité moyenne des photos mais on se rend compte de l’envahissement de la végétation qui peu à peu risque de déstabiliser les colonnes. Les motifs décoratifs sont également touchés par l’usure du temps. D’autre part, il n’est plus possible de circuler tout autour de la propriété car le voisin de gauche à bouché l’accès par une barrière en bois et un affreux petit garage en préfabriqué a été construit pratiquement contre le mur de coquillages. Les mots me manquent... (Photos JMC)

La végétation gagne du terrain.

La façade et l'entrée



Une barrière bouche désormais l'accès. Pas de ça chez nous !!


Bodan Litnianski en 2003  (Photo JMC)

  
   Le Jardin aux Jouets de Cyril Roussel est beaucoup plus récent mais il aurait mérité d’être en bonne place dans le guide de F. David. Il se situe à Gravelines près de Dunkerque. C’est un lieu très impressionnant où sont accumulés en extérieur des milliers de jouets récupérés et rassemblés par thèmes ou par saynètes. L’ensemble est écrasé d’une lumière particulièrement forte dans la région qui, avec le temps, a littéralement brûlé et modifié l’aspect initial de ces objets. Certains, les poupées par exemple ont la peau transformée en une sorte de croûte effrayante ce qui a incité certains à nommer cet endroit “Le cimetière des jouets”. L’auteur, employé aux abattoirs à la retraite vit sur place avec son fils dans des mobil-homes. (Photos JMC)







mardi 26 octobre 2010

Art Aborigène à Saffré

Pour sa huitème expo, Hang-art acceuille la galerie du Temps du Rêve de Pont-Aven qui présente 70 œuvres contemporaines d’Art Aborigène.
On peut également revoir sur place les nouveaux travaux de Agnan Kroichvili, Bernard Le Nen, Joël Lorand, Ghyslaine et Sylvain Staëlens.
La traçothèque dispose aussi pendant cette période des œuvres en dépôt-vente de : Marie-Christine Bouyer, Jean-Michel Chesné, Joël Crespin, Fabien Dupont et Luc Fleurance.
Cette expo se poursuivra jusqu’au vendredi 3 décembre 2010.
Ouvert les samedis, dimanches et jours fériés de 14 h 30 à 18 h 30 ou en semaine sur RDV. Visite accompagnée tous les dimanches à 15h. Tout renseignement au 02 40 77 22 10 ou sur le site : http://www.hang-art.fr/ 
Marc Yvonnou, directeur de la galerie du Temps du Rêve sera présent au hang-art dans l’après-midi du dimanche 7 novembre. Joël Lorand sera présent au hang-art dans l’après-midi du dimanche 14 novembre.
Le Hang-art sera ouvert le 1 et 11 novembre de 14 h 30 à 18 h 30.
 


lundi 18 octobre 2010

Une visite chez Gaston Mouly

                         

   Mes flâneries estivales m’ont conduit cette année en de nombreux endroits que je souhaitais voir depuis longtemps et au mois d'août, grâce à J. F. Maurice, j’ai pu aller chez Gaston Mouly, ce créateur hors-norme du Lot, disparu accidentellement en 1997. La rencontre avec sa veuve fut l’un des moments fort de notre périple car elle nous autorisa à circuler librement dans tous les endroits qu’occcupait Gaston. Ce qui fut frappant, c’est que rien n’a bougé depuis le jour son décès. Dans l’atelier, le moindre objet est resté à sa place comme si, une fois encore la disparition d’un créateur autodidacte laissait la famille dans le plus total désarroi quant à la gestion l’œuvre. Comme si le décalage entre l’artiste et ses proches prenait encore plus de relief, se révélant d’avantage. La meilleure façon de gérer l’œuvre étant finallement de laisser se déposer un linceul de poussière pour protéger l'esprit des lieux et attendre. Pour ce qui concerne les environnements, c'est la végétation qui joue ce rôle, protecteur ou destructeur jusqu'au délitement.
   Gaston Mouly était né en 1922 et jusqu'à sa retraite, en 1988, il dirigea un entreprise familiale de maçonnerie. Ses rencontres avec les artistes Bissière et Zadkine vont révéler le désir qu'il avait depuis toujours de devenir artiste. C’est la maîtrise du ciment qui le fera développer un ensemble de galettes en relief et de sculptures parfois monumentales. Il est également connu pour ses fameux dessins au crayon de couleur qui décrivent des scènes rurales et la vie quotidienne, l’ensemble subtilement teinté de rêve.
   Cétait un homme animé d'un désir artistique qui lui était venu sur le tard. Gaston avait le sens des relations humaines, une ironie sur lui-même et une intelligence des situations. Son œuvre est présente dans de nombreuses collections parmi lesquelles : Le musée de la Création Franche à Bègles, l’Aracine à Villeneuve d’Ascq, La Fabuloserie à Dicy, le musée Charlotte Zander à Bönnigheim.
(Photos JFM et JMC)
 














samedi 16 octobre 2010

En voiture !

   Il n'a pas fallu attendre les années 70 pour que certains excentriques transforment ou fassent de leur véhicule le support original de leur création ou de leur délire automobile. Aventuriers, inventeurs et globe-trotters de tout poil, en route vers un imaginaire à quatre roues ! (Coll. JMC)

Une voiture-sabot pour ces deux globe-trotters franco-belges

La locomotion moderne dit la légende :
la voiture à propulsion à hélice !

   En 1998, le film de Francis Veber "Le dîner de cons", dévoilait un Jacques Villeret bâtisseur d'édifices en allumettes. C'est sa fierté affichée et le déballage de sa performance qui seront décisifs pour le funeste jury qui le désignera comme le prochain con à moquer. Même si cette comédie plutôt efficace m'a séduit à l'époque, j'avoue avoir éprouvé une gène vis à vis du mépris que cette activité suscite dans le film, et décrite comme étant le summum de la ringardise et du mauvais goût. Il est vrai que ce sont souvent le record ou la prouesse qui sont mis en avant au détriment du jugement esthétique. Cette carte postale en témoigne à nouveau.
Texte du verso : Tour Eiffel construite avec 20 000 allumettes sans employer ni clous, ni colle forte. Liées ensemble avec 2000 m. de fil de cuivre dans l’espace de trois mois sans aucun plan, par François Razborsek, invalide.
Le vélo-car-bateau, construit par Muller Albert.
 
En haut, les deux mécaniciens - En bas, le décorateur du véhicule

Un mobil-home avant l'heure


jeudi 14 octobre 2010

"Les Inspirés en soutane" réédité


   Compte tenu du succès rencontré, le dernier numéro de la revue Gaogène "Les Inspirés en soutane" vient d'être réédité. Quatième opus consacré à l'architecture marginale et la création sauvage par le biais de la carte postale ancienne. Vous pourrez également vous procurer les précedent numéros (excepté le n°24, épuisé)
Pour les commander, contactez
Jean-François Maurice : jfmaurice@laposte.net
ou Jean-Michel Chesné : jmchesne@libertysurf.fr
Petit rappel pour s'abonner :
Jean-François Maurice - Le Bourg - 46140 Belaye
 
Gazogène n° 31 - Disponible
Gazogène hors-série 96 pages - Disponible
            Gazogène n°24 -  Epuisé                      Gazogène n°27 - Disponible


mercredi 13 octobre 2010

Le jardin de Gilis aujourd'hui


   Monsieur Gilis était maçon. Pendant des années, il avait rêvé de constituer sur un petit terrain en bordure de route, traversé par un fossé alimentant un bassin, un "jardin du rêve" peuplé de statues représentant son imaginaire. A la retraite, il s'y attelle et en vient à bout après 3 ans d'efforts. Peu de temps après en 1974, il disparaîtra. Ce petit site insolite est situé aux confins du Lot et en toute saison, la végétation est luxuriante, envahissante et renforce un sentiment de nostalgie accentué aujourd'hui par la lente degradation des sculptures en ciment. Les couleurs ont désormais partiquement disparu de la plupart des pièces. Au départ, les statues polychromes s'inspiraient du "Manège Enchanté", une émission de télévision des années Soixante. Cependant, Gilis va rapidement abandonner ces personnages pour constituer son propre univers.
   Après les personnages télévisuels, ce sont tous les animaux du monde mais situés d'une façon telle qu'ils apparaissent visiblement liés par une logique interne: zèbre, ours, éléphant, tigre, boa, âne et singe; puis, ce sont tous les volatiles, depuis les plus familiers jusqu'aux plus exotiques... Comme souvent on trouve également la representation du Général De Gaulle ou du Maréchal Leclerc.
   Globalement l'endroit est en très mauvais état et malgré un attachement relatif, la famille qui ne semble pas prendre la mesure des dégats, reste passive laissant la végétation et le mauvais temps recouvrir l'ensemble comme pour sanctuariser le souvenir.
(Photos JMC et JFM)