Guy brunet est de nouveau à l'affiche à Villefranche sur saône pour une expo de ses affiches de cinéma et de ses inénarrables films sur l'histoire de l'âge d'or du septième art. La visite chez ce personnage érudit est une expérience incroyable et unique. Ne vous avisez-pas d'essayer de le coller sur le sujet, c'est peine perdue. Pour l'occase je remets le lien de l'article que j'avais mis en ligne en juin 2011 après notre rencontre chez lui : http://jmchesne.blogspot.fr/2011/06/le-cas-guy-brunet.html
Guy Brunet (à droite) lors des 80 ans d'André Robillard en octobre 2011 au LAM de Villeneuve d'Ascq. Photo M. Leroux
Guy Brunet en octobre 2011 au LAM de Villeneuve d'Ascq.
Parmi les artistes qui font partie de ce qu'on appelle le black folk art Henry Speller est avec John Henry Toney l'un de mes favoris. Ses dessins décomplexés, naïfs mais sulfureux , structurés mais déglingués ont tout pour me plaire. Comme souvent on retrouve des éléments biographiques et des parcours de vie communs à cet ensemble d'artistes du Sud profond.
Henry Speller était né dans une famille de métayers du Mississipi. Elevé par sa grand-mère maternelle, il arrête l'école à 12 ans et grandit tout en travaillant sur le Delta. Il dessinait pendant ses pauses déjeuner pour s’echapper de sa difficile condition et de la monotonie de ses journées. En 1941 il quitte le Mississipi avec sa première femme pour Memphis dans le Tennessee où il execera divers metiers (jardinier, concierge, installateur sanitaire etc.). C'est également là qu'il commencera à véritablement dessiner.
Photo : William Arnett
Coll. JMC
Il s'installe non loin du centre musical de Memphis considérée comme le berceau du blues. Guitariste talentueux et confirmé, il fit partie des groupes de Howlin’Wolf et Muddy Waters.
Howlin' Wolf - Spoonful
C'est lorsqu'il prend sa retraite loin du centre de la ville dans les années 60, qu'il se met à dessiner beaucoup plus. Il exécute ses dessins au crayons de couleurs, assis toute la journée devant une télévision allunée qui lui fournit des flots d'images pour ses inspirations. Fasciné par les véhicules de toute sorte, il a représenté de nombreux bateaux à vapeur, des trains, des avions, des motos et des automobiles.
Coll. JMC
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Courtesy of Outsider Fold gallery D.R.
Si l’œuvre de Speller est traversée par l’imagerie du Delta et la description de sa vie quotidienne du temps de sa jeunesse sur les bords du fleuve, elle est aussi fréquemment teintée de fantasmes érotiques avec des dessins d'hommes et surtout de femmes partiellement dénudées et chaussées de hauts talons aiguilles qu'il appellaient "les personnages de Dallas". De façon plus épisodique, il existe également une série de dessins mettant en scène des sortes de cow-boys évoluants dans des univers ou des situations étranges qui ne sont pas sans rappeler certains travaux de J. H. Toney http://jmchesne.blogspot.fr/2012/08/john-henry-toney_3.html
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Plusieurs déménagements, lorsqu'il vivait à Memphis on fait que de nombreux dessins ont été perdus mais on estime qu'il en demeure encore plusieurs centaines. L'œuvre de Speller est franche, parfois difficile et directe et ne seduit pas le premier venu. Elle a été découverte et révélée dans les années 80 par Ray Allen, un passioné d'art populaire et ce sont les personnages érotiques des années 70 qui sont dorénavant les plus recherchés.