mercredi 9 juillet 2014

J.-B. Doussineau, Globe-trotter Fin de Siècle

   Il est un jeu chez les cartophiles qui traquent l'insolite consistant à rechercher les vues qui montrent un certain Jean-Baptiste Doussineau tout au long des différentes étapes son tour de France à dos de dromadaire. Si la légende des cartes varie et annonce différents terminus, ce globe trotter est présenté de façon constante comme " Ex-boulanger victime de la Compagnie de l'Ouest  (ancienne compagnie de chemins de fer desservant la Bretagne et la Normandie), sans indemnité (?) et sans aucun secours de l'Assistance publique". Il n'existe pas véritablement d'informations précises sur cette histoire ni sur ce personnage mais en recoupant quelques éléments glanés ça et là on peut reconstituer une esquisse de scénario. 

Jean-Baptiste Doussineau                                                                   Coll. JMC

Doussineau et son chamelier                                                               Coll. JMC
Doussineau et sa famille                                                                          Coll. JMC
    Amputé des deux jambes, il décide d'effectuer un voyage de 1909 à 1911 de Marseille au Havre sur ce camélidé aidé par un chamelier et accompagné comme il est mentionné parfois, de sa petite famille qui semblait le suivre en roulotte. Visiblement courroucé par la non-reconnaissance de son infirmité ce périple avait pour but d'attirer l'attention sur son état.  On connait l'attrait de l'époque pour l'exotisme, pour l'insolite et autre curiosité spectaculaire. Il "médiatisera" son expédition et d'une certaine façon la financera en éditant une série de cartes postales des principales étapes de cette escapade qui visiblement se termine à Paris où il subira une intervention chirurgicale à l'Hôtel Dieu.

Doussineau à Chatres                                     Coll. JMC
Doussineau au Havre                                                                               Coll. JMC
    Quelques coupures de presse de l'époque font état de la présence de Doussineau dans la capitale et surtout du trouble à l'ordre public qu'il a engendré. 
Journal Le Matin du 2 janvier 1910 : "Amputé des deux jambes, M. Jean-Baptiste Doussineau, escorté par l'arabe Ali Ben Amar, se promène chaque jour par les rues de Paris, monté sur un chameau. Il vend des cartes postales. Le 31 décembre dernier, il se trouvait rue Tronchait, au milieu d'une foule de curieux, dont les uns lui achetaient des cartes postales et dont les autres lui faisaient l'aumône. Un gardien de la paix étant intervenu, M. Doussineau s'enfuit sur son chameau. L'agent le poursuivit inutilement, berné dans sa course par celui après lequel il courait. Lorsqu'il se fut suffisamment moqué du gardien de la paix, qui lassé, avait abandonné la poursuite, le marchand de cartes postales, pour mieux savourer sa victoire, se rendit toujours monté sur son chameau, au poste de police.
M. Doussineau a comparu hier devant la huitième chambre correctionnelle, sous l'inculpation d'outrage à agent et de mendicité. Il a été condamné à 100 francs d'amende. Par défaut, pour les même délits, le tribunal a, sur réquisitoire du substitut Béguin, infligé un mois de prison à Ali Ben Amar."

   
Ce texte témoigne du caractère facétieux du personnage et même si la cause était juste, les frasques de notre méhariste n'étaient pas du goût de la maréchaussée parisienne. On notera également la différence de traitement et de peine encourue entre Doussineau et son chamelier...

Doussineau à Dieppe                                    Coll. JMC
Doussineau à Solesme                                                                              Coll. JMC
Doussineau à Paris                                    Coll. JMC
   Pour l'arrivée à Paris, il fait un effort de présentation et endosse "la tenue orientale" comme disaient les zouaves, et il s'adjoint un "turco" démobilisé au casque colonial et son authentique chamelier en sarouel.


Doussineau à Paris                                                                               Coll. JMC

dimanche 6 juillet 2014

Carte blanche à Mycélium - Laurent Danchin présente 25 artistes.

 
   "Savants ou bruts, naïfs ou sophistiqués, autodidactes ou passés par les écoles, les vingt-cinq créateurs présentés dans cette exposition ont tous en commun d’avoir suivi un chemin hautement personnel, souvent proche de l’obsession, et d’avoir développé, en dehors des modes et des idéologies du moment, un univers singulier tirant sa source des zones, souvent obscures, de leur nature profonde. Se prenant ou non pour des artistes, ayant dû souvent exercer un métier alimentaire sans relation directe avec leur univers mental particulier, ils recourent aussi bien aux matériaux les plus ordinaires et aux techniques traditionnelles qu’à la sophistication des nouvelles technologies, et témoignent, à travers leurs dessins, peintures, collages, photographies, broderies, sculptures ou assemblages, du caractère essentiellement sauvage, indépendant, presque organique de la création, en même temps que de la variété infinie des familles de sensibilité au sein desquelles elle prend naissance. 

Sylvain et Ghyslaine Staelens

Raymond Reynaud
Raymond Reynaud

Catherine Ursin

Catherine Ursin
   Atypiques pour la plupart, échappant aux lois de leur milieu ou de leur culture d’origine, et issus de classes sociales et de générations différentes, ils sont tous également, chacun à sa manière, fort éloignés de la conception de l’art contemporain hégémonique depuis quarante ans, et ils œuvrent ou ont œuvré, par besoin, par manie et par plaisir, sans calcul commercial ni plan de carrière, et sans aucune théorie ni concept à défendre : plutôt à la manière d’artisans inspirés, laissant avec confiance l’instinct guider leur savoir faire. Car c’est la création qui s’est, en général, imposée à eux, non eux qui ont choisi la création. L’art, pour eux, n’est pas un métier, mais une nature, et ils s’y sont livrés par une nécessité spontanée, viscérale, plus forte que toute autre considération. C’est cet esprit de soumission à une forme mystérieuse d’irrationnel qui donne à leur démarche son authenticité et tout son sens, et constitue le principal point commun entre des univers, pour le reste strictement individuels. Or revenir au sens et relier des individus, peut-on trouver plus bel objectif à réaliser dans une abbaye ?


JMC


JMC

Jim Sanders
 
Joseph Kurhajec
   Par son parcours d’un éclectisme volontaire, l’exposition Mycélium – Génie savant, génie brut se veut un éloge non de l’art mais de la diversité inépuisable de la création, seule capable de mettre en échec les forces de destruction partout à l’œuvre actuellement." 
Laurent Danchin - extraits du catalogue
L'abbaye d'Auberive
Abbaye d'AuberiveCentre d'art contemporain
1, Place de l'Abbaye
52160 Auberive
Tél. : +33 (0)3 25 84 20 20

Horaires d'ouverture :
jusqu'au  28 septembre 2014
Mardi de 14h à 18h30
Mercredi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30