Il est un jeu chez les cartophiles qui traquent l'insolite consistant à rechercher les vues qui montrent un certain Jean-Baptiste
Doussineau tout au long des différentes étapes son tour de France à
dos de dromadaire. Si la légende des cartes varie et annonce
différents terminus, ce globe trotter est présenté de façon
constante comme " Ex-boulanger victime de la Compagnie de l'Ouest
(ancienne compagnie de chemins de fer desservant la Bretagne et la
Normandie), sans indemnité (?) et sans aucun secours de l'Assistance
publique". Il n'existe pas véritablement d'informations précises sur
cette histoire ni sur ce personnage mais en recoupant quelques éléments
glanés ça et là on peut reconstituer une esquisse de scénario.
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Jean-Baptiste Doussineau Coll. JMC |
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Doussineau et son chamelier Coll. JMC |
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Doussineau et sa famille Coll. JMC |
Amputé des deux jambes, il décide d'effectuer un voyage de 1909 à
1911 de Marseille au Havre sur ce camélidé aidé par un chamelier et
accompagné comme il est mentionné parfois, de sa petite famille qui
semblait le suivre en roulotte. Visiblement courroucé par la
non-reconnaissance de son infirmité ce périple avait pour but
d'attirer l'attention sur son état. On connait l'attrait de
l'époque pour l'exotisme, pour l'insolite et autre curiosité
spectaculaire. Il "médiatisera" son expédition et d'une certaine
façon la financera en éditant une série de cartes postales des
principales étapes de cette escapade qui visiblement se termine à
Paris où il subira une intervention chirurgicale à l'Hôtel Dieu.
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Doussineau à Chatres Coll. JMC |
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Doussineau au Havre Coll. JMC |
Quelques coupures de presse de l'époque font état de la présence de
Doussineau dans la capitale et surtout du trouble à l'ordre public
qu'il a engendré.
Journal Le Matin du 2 janvier 1910 : "Amputé des
deux jambes, M. Jean-Baptiste Doussineau, escorté par l'arabe Ali
Ben Amar, se promène chaque jour par les rues de Paris, monté sur un
chameau. Il vend des cartes postales. Le 31 décembre dernier, il se
trouvait rue Tronchait, au milieu d'une foule de curieux, dont les
uns lui achetaient des cartes postales et dont les autres lui
faisaient l'aumône. Un gardien de la paix étant intervenu, M.
Doussineau s'enfuit sur son chameau. L'agent le poursuivit
inutilement, berné dans sa course par celui après lequel il courait.
Lorsqu'il se fut suffisamment moqué du gardien de la paix, qui
lassé, avait abandonné la poursuite, le marchand de cartes postales,
pour mieux savourer sa victoire, se rendit toujours monté sur son
chameau, au poste de police.
M. Doussineau a comparu hier devant la huitième chambre
correctionnelle, sous l'inculpation d'outrage à agent et de
mendicité. Il a été condamné à 100 francs d'amende. Par défaut, pour
les même délits, le tribunal a, sur réquisitoire du substitut
Béguin, infligé un mois de prison à Ali Ben Amar."
Ce texte témoigne du caractère facétieux du personnage et même si la cause était juste, les frasques de notre méhariste
n'étaient pas du goût de la maréchaussée parisienne. On notera également la différence de traitement et de peine encourue entre Doussineau et son chamelier...
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Doussineau à Dieppe Coll. JMC |
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Doussineau à Solesme Coll. JMC |
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Doussineau à Paris Coll. JMC |
Pour l'arrivée à Paris, il fait un effort de présentation et endosse
"la tenue orientale" comme disaient les zouaves, et il s'adjoint un
"turco" démobilisé au casque colonial et son authentique
chamelier en sarouel.
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Doussineau à Paris Coll. JMC |
3 commentaires:
ah, 1 blog !!! merci de nouveau
bonjour je suis un arriére petit neveu de jb doussineau mes grands tantes donc ses nièces m'ont parlé de lui effectivement s'était un personnage hors norme cdt
c'était avec un c
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