mardi 23 juillet 2013

Pierrot CASSAN, chroniqueur du quotidien

   Cette année les sculpteurs Sylvain et Ghyslaine Staelens font une pause. Il n’y aura pas de quatrième édition d’Outsiders, l’excellente expo estivale qu’ils ont initiée à Mauriac depuis 2010. Ce couple d’artistes installé dans le Cantal depuis plus de 10 ans est désormais largement impliqué dans la vie culturelle de la ville. C’est ainsi que Sylvain et Ghyslaine ont été sollicités pour intervenir en tant que conseillers artistiques et techniques sur l’exposition qui rend hommage à Pierrot Cassan à l’occasion du centenaire de sa naissance.



   En 2003, la revue Gazogène (n°25) avait consacré un dossier à cet artiste mauriacois en  rassemblant plusieurs textes et témoignages de Marcel Mazar, Roland Sabatier, Pierre Chaumeil et Jean-François Maurice. Je reproduis ici des extraits du texte de JFM à propos de P. Cassan.


   “L’œuvre de Pierrot Cassan aurait pu disparaitre. Comme souvent pour ce type de travail, c’est le regard d’un autre artiste, le lithographe Marcel Mazar, qu’il l’a sauvée. Au delà de la pauvreté des matériaux utilisés,, de la gaucherie apparente du style et autre naïvetés formelles, il a su reconnaitre la singularité d’un véritable artiste. Pierrot Cassan est certes un autodidacte mais il fait surtout partie de la grande famille des instinctifs, de celle qui pratique un art à l’état sauvage et qui pour être brut-naïf, n’en est pas moins profond, complexe et mystérieux. La vaste famille des créateurs du dimanche pour qui tous les jours sont des dimanches. Un cousinage évident avec certains autres : Germain Tessier, le maraîcher de Pithiviers, François Baloffi, le marin pêcheur de Collioure, ou Yvonne Robert, agricultrice vendéenne.
   Pierrot Cassan a vécu à Mauriac dans le Cantal et y est mort en 1982. Comme ses parents tenaient une charcuterie, il transforma plus tard la vitrine en lieu d’exposition permanente de ses œuvres. Il se fit le mémorialiste de Mauriac, exposant l’univers de cette place de l’Hotel-de-Ville avec ses habitants, ses cafés, ses évènements de tous les jours, qu’il érigeait par la force poétique de sa peinture en véritable épopée. Ses passions, ses amours éclatent ; c’est le cirque et ses animaux, la pêche, la chasse et toutes les petites gens : serveuses de bistrot, ou rempailleurs de chaises, gardes champêtres ou braconniers, musiciens de bal et autres joueurs de cabrette, marchands de bestiaux, palefreniers et paysans, personnalités plus ou moins locales mais également gloires nationales et mêmes universelles, sans oublier les épisodes de la résistance.

   Toutes ces œuvres sont réalisées à la gouache sur des morceaux de carton de formats variés. Si certaines séries sont totalement noires et d’autres presque monochrome, c’est tout simplement qu’il n’avait plus de couleur ! Dans les dernières années de sa vie, il a réalisé des centaines de peintures sur des cartons à chaussures. Marcel Mazar qui conserve la quasi totalité des gouaches a sauvé cette aventure picturale insolite de la destruction probable et de l’oubli. Pour lui : “ Pierrot Cassan s’exprime comme il l’entend avec beaucoup de liberté et de fantaisie. Il raconte ce qu’il voit avec humour et gentillesse (...) Son geste est une affaire de cœur, ses mots sont les mots de tous les jours. C’est une œuvre authentique, à la portée de tous.”
Toutes photos Ghyslaine Staelens
 
"PIERROT CASSAN AURAIT CENT ANS"
Musée de Mauriac,
Rue Emile Delalo
15200 MAURIAC
Tel. : 04 71 67 35 81
 

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