La première carte postale ancienne montrant le Palais artistique de Pierre Dange à Rogny m’avait été signalée par un ami il y une quinzaine d’années maintenant. En 2002, la revue Gazogène ouvrait ses pages à ma collection et à l’époque nous avions donc reproduit dans le numéro 24, un cliché de cette curieuse bâtisse. La difficulté résidait, comme souvent pour ces lieux disparus, dans l’obtention d’informations précises. Jusqu’à présent personne dans le voisinage n’avait pu éclairer le mystère qui enveloppe cette maison et son auteur. La mairie et ses officiels se contentant d’indiquer que l’endroit avait été rasé et remplacé par des pavillons... Merci pour le scoop ! Depuis, ceux qui tentent d'inventorier les environnements, constructions ou jardins «inspirés», ont bien du mal à trouver quelques information. Sur la toile, on trouve tout de même cette note : "La maison était située en haut de la rue Hugues Cosnier mais elle a été rasée pour laisser place à un pavillon. L'intérieur était rempli de ses peintures, avant tout religieuses, et sur le haut des murs extérieurs, pierre Dange avait installé des "meurtrières" de façon à être prêt à recevoir les Prussiens, s'ils revenaient !"
En attendant, à la fin du mois d'août dernier, j’ai eu l’opportunité de rencontrer une dame âgée de 85 ans qui, quand elle était petit fille, rendait visite à Pierre Dange. Elle raconte : «C’était une figure locale. Je l’ai connu à la fin de sa vie. Mes copines et moi allions le voir assez régulièrement. J’avais 6 ou 7 ans à l’époque. Cet homme pouvait être rebutant mais nous n’étions pas impressionnées. Il était très barbu et avait presque l’air d’un clochard. Il vivait de façon très précaire. La porte de la bâtisse était faite de planches et l’intérieur ressemblait tout de même à un taudis. J’avais été frappée de voir qu’il dormait sur de la paille. Pour vivre, il rendait des petits services contre quatre sous ou parfois contre un repas. Il donnait des coups de mains aux bûcherons du coin ou vendait également les pommes de son petit verger un peu plus loin. Mon père allait de temps en temps chez lui chez pour l’aider à couper sa haie. En tout cas, tout le monde l’aimait bien dans les alentours car il était assez avenant. Cet endroit était un but de promenade le dimanche. Je n’ai en revanche aucun souvenir d’avoir vu des peintures chez lui ou ailleurs.»
Ce dernier point peut s’expliquer par le fait que les cartes postales qui le montrent avec ses tableaux on été éditées vers 1905 soit 30 ans avant la date de ce témoignage. On peut donc imaginer que ces toiles aient été remisées ou vendues ou troquées... pure extrapolation de ma part. En tout cas ce récit m’a fait pétiller les yeux et vibrer à l’idée de rencontrer le chainon manquant entre ces documents d’un autre temps et nous. Je ne reproduis là que les cartes montrant Pierre Dange et ses tableaux mistyco-visionnaires naïfs...
Toutes images, collection JMC
Il ya un autre tableau de Pierre Dange sur le site vasavoir-agfa consacré à Rogny, et reproduit sur le blog Le Poignard subtil.
RépondreSupprimer