On le sait, le bord des routes réservent de belles surprises pour autant
que l’on soit attentif et que l’on veuille voir. Depuis le temps que je file
dans le Loir-et-Cher pour souffler un peu il fallait bien que ça arrive et c’est
en fait sur une petite route départementale de la Sarthe limitrophe que les amis qui
m’accueillent régulièrement m’ont signalé la présence d’un ensemble de
constructions hors du commun.
Une fois sur place, le hasard ou la chance ont voulu que l’auteur et
propriétaire des lieux soit présent et qui plus est à l’ouvrage. Il est
accueillant, étonné mais ravi qu’on se soit arrêté. Les présentations
effectuées, notre homme n’est pas avare de commentaires ni d’explications pour
peu que que vous répondiez aux innombrables devinettes qu’il vous pose à propos
de son travail mais aussi de sa vie. Une conversation menée tambour battant, du
tac au tac pour cet homme de 77 ans d’une vitalité exceptionnelle.
Depuis cinq ans Michel R. réalise une série de tourelles étranges
constituées d’une accumulation de matériaux de construction récupérés dans les
décharges ou à la fin des chantiers d’artisans. L’ensemble est judicieusement
agencé par strates successives. Briques, carrelage, ardoises, galets,
bouteilles, poteries, sont appareillés avec un sens aigu de la couleur, du
rythme et de la texture, le tout exécuté sans une once de mortier. Le procédé et
l’allure (dans une moindre mesure) n’est pas sans rappeler les tours des Ruines
de la Vacherie à Troyes qui, elles aussi, furent élevées sans ciment, à l’aide
de matériaux issus de la démolitions de bâtiments divers.
Les tours des Ruines de la Vacherie à Troyes Coll. JMC |
Une dizaine de ces édifices dont le plus grand mesure quatre mètres, trônent le long de la petite route et lorsqu’on
lui demande ce qui a déclenché cet envie de bâtir, il reste assez évasif,
évoquant tout de même son attirance pour les curiosités architecturales des
environs. Il parle des fours à chanvre, de certains pigeonniers ou des chambres
de béliers hydrauliques présents dans la région.
Ancien ouvrier agricole
puis salarié dans le bâtiment à la retraite depuis 15 ans, Michel R. improvise totalement l’édification de
ses tours, juché sur des palettes entassées en guise d’échafaudage ; et si les
débuts furent laborieux (puisque la première s’effondra au bout de 10 jours !)
il maitrise aujourd’hui parfaitement le savoir-faire nécessaire pour que son
œuvre soit pérenne. En nous raccompagnant, il nous raconte qu’il vient de
trouver dans une décharge une plaque de rue émaillée au nom hautement
poétique : ”Allée de la Pierre Perdue”. Il compte bien installer cet objet à
l’entrée de son petit terrain et baptiser ainsi son domaine.
À Marie et Jean-Luc
Toutes photos J.M.C. / Doits réservés
À Marie et Jean-Luc
Toutes photos J.M.C. / Doits réservés
Superbe trouvaille!
RépondreSupprimerVotre blog est magnifique par tout ce qu'il représente d'émotions et de sensibilité.
RépondreSupprimerVotre propre travail à Malakoff est superbe.
Nous prendrons le temps de tout regarder attentivement
Merci à vous
Bonjour Jean-Michel, et bonjour à tes lecteurs.
RépondreSupprimerIl semble que ce monsieur ait hélas passé la main vis-à-vis de ses constructions, qui me font personnellement plus penser à des ruches, ou à des greniers à mil africains (l'ami qui m'accompagnait pensait, lui, à des dame-jeanne). Je suis passé ce mois de juillet 2021, et les constructions commencent à être envahies par la végétation. Le site paraît à l'abandon. L'auteur a-t-il dételé (il aurait 85 ans aujourd'hui si je suis l'âge que tu donnes dans ta note)? Espérons que ce n'est qu'une simple fatigue passagère...